mardi 22 août 2017

Carte-lettre du 23.08.1917

Troupeau de moutons devant servir au ravitaillement d'une colonne (culture.gouv)

Carte-lettre  Madame P. Gusdorf  22 rue du Chalet 22  Caudéran

Sidi Belkassem (1), le 23 Août 1917

Ma Chérie,

J’ai ta lettre du 3 et te retourne ci-joint celle de Me Crimail (2). Tu n’as jamais insisté sur le point qu’on (3) a saisi aussi quelques titres et intérêts au C.N.E.P. (4), entre autres l’Extérieur Espagnol (5) qui serait maintenant avantageux à vendre. Il n’y a aucune raison qu’on ne te donne pas, au pire aller, ta pension (6) de cet argent-là.
Nous marchons demain à M’Conn (7), et de là samedi à Taza. Comme les permissions pour la France sont rétablies (8), je partirai lundi 27 ou mercredi 29 courant en permission ; nous nous reverrons donc vers le 4 ou 5 Septembre et aurons alors l’occasion de reparler de tout cela verbalement. En attendant de pouvoir vous embrasser réellement, reçois avec les enfants mes meilleurs baisers.

Paul



Notes (François Beautier)
1) - « Sidi Belkassem » : ce nom propre est ici pour la première fois écrit correctement par Paul. Et aussi pour la dernière puisqu’il quitta ce poste le lendemain.
2) - « Me Crimail » : avocat de Paul à Nantes.
3) - « on » : le séquestre, c’est-à-dire le juge chargé d’administrer le séquestre des biens des Gusdorf, « ressortissants étrangers ennemis ».
4) - « C.N.E.P. » : Comptoir national d’escompte de Paris, gestionnaire des emprunts obligataires étrangers.
5) - « l’Extérieur Espagnol » : emprunt obligataire émis par l’État espagnol en 1906 avec une rente de 4,5%.
6) - « ta pension » : Paul réclame pour Marthe à la Société Leconte une pension mensuelle de 300 francs à prélever sur sa part des bénéfices. Si le juge du séquestre refusait cette demande, il pourrait encore autoriser la vente de titres (placés aussi sous séquestre) appartenant au couple et prélever sur le produit de cette vente (lui aussi séquestré) 300 fr au profit de Marthe. 
7) - « M’Conn » : en fait Msoun, à une trentaine de km à l’est de Taza.

8) - « rétablies » : voir la lettre du 18 août 1917 annonçant la suspension des permissions par suite d’encombrement des dépôts d’Oujda et d’Oran. 

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